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« Le Massif central va devenir désirable »
Simon Teyssou, directeur de l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand (ENSACF), a reçu le prestigieux Grand prix de l’Urbanisme 2023. La reconnaissance d’un travail qui met à l’honneur les territoires ruraux et prône un urbanisme de proximité, sobre et raisonné.
Bio express
1973 : Naissance à Paris
1977 : Arrivée dans la Creuse, puis le Cantal
2000 : Diplôme d’architecte à Clermont puis création de l’Atelier du Rouget (Cantal)
2004-2018 : Enseignant à l’ENSACF
Depuis 2019 : Directeur de l’ENSACF
Mai 2023 : Global Award for Sustainable Architecture (Prix mondial de l'architecture durable)
Juin 2023 : Grand prix de l’Urbanisme
Félicitations pour ce prix, qui plus est obtenu dès le 1er tour de scrutin ! Est-ce une forme de « revanche » de la ruralité et des petites villes ?
Je ne le dirais pas comme ça. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ce prix est lié à l’intérêt croissant que suscitent les territoires ruraux et périurbains, les petites et moyennes villes… Des politiques publiques ciblent ces territoires depuis quelques années, notamment depuis le phénomène des Gilets jaunes, après les avoir sans doute délaissés.
Il existe un regain d’intérêt pour les villes de taille modeste et les zones rurales ?
Je suis persuadé que le Massif central va devenir de plus en plus désirable. Il s’agit d’un territoire en grande partie préservé : l’industrialisation n’y a pas été massive et l’agriculture ne l’a que peu abîmé. C’est un constat global, avec bien sûr des disparités localement. En outre le Massif central restera habitable malgré le changement climatique, a encore des réserves d’eau, une faible densité de population, un foncier abordable…
Vous prônez un urbanisme « de fragments » et « de soustraction ». De quoi s’agit-il ?
Bien souvent, il faudrait ménager plutôt qu’aménager le territoire. Cela implique de penser d’abord aux habitants déjà là plutôt qu’à d’éventuels futurs arrivants. L’anthropisation et les logiques d’aménagement ont abîmé les territoires ruraux et périurbains, et je prône une logique de réparation : renaturation, protection des milieux humides, désimperméabilisation, etc. On pourrait aussi rendre plus désirables certains centres-bourgs en déshérence en les végétalisant, en y apaisant les espaces publics… D’autre part, nous devons impérativement réduire nos déplacements en voiture. Et pour inciter les gens à ne pas la prendre pour aller acheter leur baguette à 500 mètres, il faut encourager les déplacements à pied, à vélo ou en bus avec des aménagements adaptés.
Vous appréciez donc le projet InspiRe ?
Évidemment ! On peut juste lui reprocher de n’arriver que maintenant, mais c’est une nécessité absolue. Clermont évolue, et c’est ce qu’il faudrait faire partout !
L’ENSACF a signé un partenariat avec la Ville et la Métropole. Pour quoi faire ?
Cela acte une volonté commune de travailler ensemble. Environ 40 % de nos étudiants sont boursiers ; la Ville et la Métropole contribuent à un fonds destiné à aider ceux qui en ont besoin. Nous organisons ensemble des colloques, des projets culturels, des programmes à l’étranger… Avoir une école d’architecture, c’est une chance pour un territoire et les collectivités le savent. Nos étudiants peuvent mener des travaux pour nourrir la réflexion des élus autour d’un projet, c’est bénéfique pour tout le monde;