#MERCI

 

 

  Philippe B.,

  médecin généraliste à Clermont-Ferrand et médecin coordonnateur en Ehpad.

 

Comment a évolué votre métier en cette période d’épidémie de Covid-19 et de confinement ?

« Les médecins de Clermont-Ferrand et du territoire ont vite réalisé la grande contagiosité du Covid-19. J’ai rapidement adapté ma pratique médicale à cette période inédite.
Je me suis éloigné physiquement de mes patients, mais j’ai enrichi notre communication. Le médecin généraliste a cette mission privilégiée d’accompagnement du patient. J’ai donc mis en place la téléconsultation par vidéo, ou par téléphone pour les patients les plus âgés. Je prends du temps lors de ces téléconsultations, d’abord parce que c’est rassurant pour les patients de me voir comme à l accoutumée, et bien sûr, parce qu’il est essentiel de poser le bon diagnostic, et de ne pas passer à côté d’une atteinte au Covid-19. Il faut aussi parfois expliquer certains gestes comme prendre son pouls, ou vérifier qu’il n’y a pas de fièvre...
Dans des cas bien précis et qui le nécessitent, j’assure des visites à domicile en prenant toutes les précautions avec les gestes barrières et aussi un masque. Précautions que j’avais prises - au cabinet comme au domicile des patients - déjà une semaine avant la date officielle de confinement.
Dans certains cas également, mes patients viennent au cabinet : en salle d’attente, rien, pas de revues et autres plaquettes. Jamais mes patients ne se croisent. Je désinfecte tout, au maximum. Il en va de notre santé à tous ! »
 

Une journée type ?

« Tous les matins, j’assure mon rôle de médecin coordonnateur en Ehpad. En lien avec la directrice de la structure et pour limiter la propagation du virus, nous avons réduit les interventions. Ce sont les infirmiers de l’Ehpad qui réalisent les prélèvements sanguins, pas de kinésithérapeutes, par exemple. Je suis le seul médecin à intervenir.
Tout est rigoureusement organisé : un endroit au cas où il faille isoler une personne Covid +, un autre espace s’il y avait plusieurs cas avérés. Pour l’instant, nous n’avons pas de personne touchée, et tant mieux !
Je dédie mes après-midis aux téléconsultations prioritairement et au présentiel.
Je rappelle d’ailleurs que de facto les ordonnances sont renouvelées jusqu’au 30 mai. Il est important de le dire car les maladies chroniques ne sont pas effacées et il faut continuer les traitements.
Cette épidémie a bien épuré les petites pathologies sans importance, je note en revanche davantage de troubles anxieux. Dans cette évolution notre rôle est très important : il faut vraiment prendre le temps d’écouter le patient, d’échanger avec lui. »
 

Comment vivez-vous ce moment ?

« Je suis comme tout un chacun : conscient des risques encourus si nous ne respectons pas la règle du confinement et des gestes barrières. Il faut prendre au sérieux ce virus que nous ne connaissons pas et qui est neuf dans le paysage médical !
C’est une expérience étrange : d’un côté, la crise sanitaire, les pénuries, et de l’autre un monde qui se transforme, moins pollué, par exemple.
Je pense que la force de l’exemple doit être notre leitmotiv à tous : nous savons que ce virus ne voyage pas seul, il voyage avec l’homme, soyons des acteurs solidaires de cette lutte contre l’épidémie : respectons le confinement et les gestes barrières.
C’est bien aussi mon rôle et ma responsabilité de médecin que de faire passer ce message. Nous devons tous être exemplaires. »
 

Comment réagit votre patientèle ?

« Globalement, mes patients sont assez âgés. Ces personnes sont raisonnables et restent très confinées pour de multiples raisons.
Je ne trouve pas mes patients si anxieux : ils ont vécu d’autres choses, d’autres combats...
Ils bénéficient souvent d’aides à domicile, d’infirmiers. Ces soignants-là sont d’ailleurs terriblement exposés et font preuve d’un immense courage. Je tiens à le souligner.
Je veux dire aussi que tout le personnel soignant est là, présent, pour garantir un quotidien le plus serein possible pour tous.
Tout le corps médical s’organise vraiment au mieux. Je pense aussi à mes confrères urgentistes et en réanimation qui sont à pied d’œuvre, chaque jour.»