La Résistance des X

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Lorsque le maréchal Pétain demande l'armistice en juin 1940, la population française est sous le choc. L'appel du général De Gaulle à  poursuivre la lutte n'a que très peu de résonance. Seuls quelques hommes parviennent à  quitter le territoire et à  rejoindre l'Angleterre. Parmi eux, plusieurs élèves de l'X, dont le Cantalien Robert Saunal. Elève en mathématiques spéciales au lycée Blaise-Pascal, il est, en mai 1940, admissible à  l'Ecole normale supérieure et à  Polytechnique. Face à  l'avance allemande, il renonce aux épreuves orales d'admission et décide, avec quatre taupins clermontois, de"partir vers le sud". Arrivés à  Bayonne, les cinq camarades montent à  bord d'un bateau évacuant les dernières troupes polonaises du territoire français et... se retrouvent, fin juin 1940, en Angleterre où s'engagent dans les Forces Françaises Libres.

Aspirant puis souslieutenant d'artillerie, Robert Saunal rejoint la brigade du général Koenig en Afrique et participe à  la campagne de Libye de 1942. À Bir-Hakeim, il est grièvement blessé et emmené en captivité en Italie. Il s'échappe en septembre 1943, regagne les lignes alliées et participe aux campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne. En octobre 1945, le plus jeune des Compagnons de la Libération revient faire ses études à  l'Ecole polytechnique, dont il sortira ingénieur des mines.

Résidant actuellementà  Chauriat (Puy-de-Dôme), le polytechnicien André Demeocq s'est illustré dans les Forces navales françaises libres, en assurant le commandement de l'École navale créée à  Portsmouth, en 1941.
Sur le sol auvergnat, la Résistance a eu ses héros. Parmi eux, des polytechniciens comme Louis Gentil, officier d'artillerie, chargé, après l'armistice, de l'organisation d'un service du matériel à  Chamalières. Il en fait l'un des piliers de la future armée de Libération, en camouflant, dans la région de Clermont-Ferrand, un grand nombre d'armes qui alimenteront maquis et réseaux après l'invasion de la zone sud.

Nommé directeur du parc d'artillerie des Gravanches en octobre 1942, le colonel Gentil poursuit les camouflages et l'immobilisation de matériels de production, tout en s'opposant au départ de personnels vers l'Allemagne. Entré dans la clandestinité comme adjoint du chef du réseau Gallia, il est arrêté et déporté au camp de Dora en mai 1944, où il meurt le 8 avril 1945.

Issu d'une famille corrézienne, Gaston Pécresse est capitaine du génie à  Clermont-Ferrand lorsqu'il entre, en 1941, dans les services spéciaux de l'Armée secrète (AS) comme adjoint du lieutenant-colonel Dejussieu-Poncarral, commandant l'AS du Puy-de-Dôme. Arrêté en janvier 1944, torturé par la gestapo installée à  Clermont-Ferrand, il est déporté aux camps de Buchenwald et Mathausen, où il meurt le 31 mars 1945.

André Decelle, ingénieur des Ponts et Chaussées, "Didier" dans la Résistance, a formé, dans la clandestinité, un bataillon composé de cadres polytechniciens et d'ouvriers du chantier du barrage de l'Aigle dont il dirige la construction sur la Dordogne. Ce bataillon participera activement à  la libération du Massif central.

Ces quelques grandes figures -parmi de multiples autres- illustrent la tradition patriotique et républicainede l'Ecole polytechnique, fidèle à  sa devise : "Pour la patrie, les sciences et la gloire".