Henri Lecoq et Jean-Baptiste Bargoin

 

Henri Lecoq et Jean-Baptiste Bargoin

Saviez-vous que ces deux personnages bien connus des clermontois grâce aux rues, au parc et au musée qui portent leurs noms, étaient associés au siècle dernier ?

Henri Lecoq (universitaire et botaniste) et Jean-Baptiste Bargoin (pharmacien) faisaient commerce de thé et de préparations pharmaceutiques.

Ils inventèrent le café "Gland doux" qui, malgré son nom malheureux, permis de faire prospérer l'affaire des deux hommes qui compta jusqu'à  trois unités de production. Le breuvage, composé d'un mélange de chicorée, de céréales et de gland de chêne vert du Maroc, d'Algérie ou d'Espagne, était connu pour son bon goût ses vertus thérapeutiques. C'est donc, bien avant le caoutchouc de Michelin, la première preuve faite aux Auvergnats et à  toute la France, que l'on peux faire fortune avec un produit importé. Le produit, vendu bon marché, était un concurrent sérieux du café, considéré à  l'époque comme un produit de luxe.

A sa mort, Henri Lecoq était dépourvu d'héritier direct. Il légua une bonne partie de sa fortune à  la Ville de Clermont-Ferrand. C'est ainsi que furent financés sur ses terrains la construction de serres et d'un parc qui deviendront plus tard l'actuel jardin Lecoq. J.B. Bargoin eu les mêmes volontés de mécène puisqu'à  sa mort, ses biens furent répartis entre ses employés, le département (don de l'ancien château de Bellevue aujourd'hui parc Bargoin à  Royat), les hospices de la ville et le musée qui porte aujourd'hui son nom). C'est donc grâce aux deux hommes et à  leur boisson (disparue après guerre) que l'on peut aujourd'hui profiter d'une agréable balade verdoyante en pleine ville et d'un toit pour l'histoire régionale grâce au musée

 

 

 

Henri LECOQ est né à  Avesnes (Nord), le 14 Avril 1802. Après de brillantes études de Pharmacie à  PARIS (1825, médaille d'or de l'Internat des Hôpitaux - 1827, Doctorat ès Pharmacie), il se vit confier, à  24 ans, la Chaire d'Histoire Naturelle nouvellement créée par la municipalité de Clermont-Ferrand.

En 1830, il ouvrit dans sa ville d'adoption une pharmacie dont il devait consacrer la majeure partie des revenus à  ses travaux de recherches. La même année, il épousa une demoiselle NIVET, fille du médecin d'Aigueperse.

Il devait la perdre moins d'un an après et, fidèle à  sa mémoire, ne contracter aucune autre union, tout en demeurant très lié avec M. NIVET, son beau-frère. Très lié aussi avec BOUILLET, qui lui avait été recommandé comme naturaliste par des amis parisiens, il prospecta beaucoup l'Auvergne en sa compagnie et nous devons à  leur collaboration nombre d'études ou d'ouvrages.
Et en 1854, lorsque l'Etat créa à  Clermont-Ferrand un Centre d'Enseignement Supérieur, le volume de ses publications était tel (à  sa mort, on dénombrait 149 titres sous sa signature et 10 en collaboration) que la Chaire d'Histoire Naturelle lui fut confiée.
Plus que jamais, alors, il prospecta l'Auvergne pour en découvrir toutes les richesses minéralogiques, géologiques et surtout botaniques. Il réunit une somme considérable de matériaux d'études dont il emplit sa maison, ne se réservant plus qu'un modeste appartement.
Ses puissants moyens financiers et sa grande activité l'aidèrent à  acquérir des collections réunies et déterminées par des naturalistes en renom pour en faire le support de ses recherches.
Lecoq mourut à  Clermont-Ferrand le 14 Août 1871, bouleversé par les événements qui marquaient alors la France.

Il laissait, entre autres, nombreuses Oeuvres :
"Description pittoresque de l'Auvergne" (en 4 guides)
"Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Plateau Central" en collaboration avec Lamothe
"Géographie botanique de l'Europe", en 9 volumes
"Essai sur la distribution géographique des végétaux colorés" (sa thèse)
"Les époques géologiques de l'Auvergne" en 5 volumes
Une carte géologique du département du Puy-de-Dôme.
La plus grande partie de ses Oeuvres est conservée à  la Bibliothèque Municipale et Universitaire.
Ses conceptions furent très hardies pour son temps. Suivant les traces de Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire et Darwin, il s'employait à  établir les variations desêtres vivants pour prouver évolution et transformisme.
Ce fut, là , un grand mérite, mais pas le seul qu'on lui connaisse. En effet, s'il donna beaucoup de sa fortune de son vivant, il légua aussi de fortes sommes par testament, en particulier :
- 50 000 francs pour la construction des serres du jardin des plantes
- 50 000 francs pour la construction d'une nouvelle conduite d'eau
- 50 000 francs pour la construction d'un marché couvert Place Saint-Pierre
et l'ensemble de ses collections à  la Ville, dont son frère évita le déménagement destructeur en cédant, à  son tour, en 1872, la maison et le jardin du savant à  la Ville pour la moitié de leur valeur, soit 50 000 Francs, mais à  des fins nettement définies.

A noter que Henri Lecoq, outre son titre de Pharmacien de 1ère classe (ex interne des Hôpitaux de Paris : Pitié puis Salpétrière.), a été : Professeur d'Histoire Naturelle de la Ville de Clermont-Ferrand (1826-1854) puis de l'Université - Faculté des Sciences (1854-1871), Professeur à  l'Ecole Préparatoire de Médecine et de Pharmacie (1840-1860), Directeur du Jardin Botanique (1826-1871), Membre correspondant de l'Académie des Sciences - Institut de France - Section botanique (1859-1871), Président de la Chambre de Commerce (1848-1871), Fondateur de la Société d'Horticulture du Puy-de-Dôme, Membre de nombreuses sociétés Savantes françaises et étrangères.


Il créa, de plus, le Jardin Lecoq sur ses propres plans. L'actuel musée n'est autre que son hôtel particulier, acheté après sa mort par la ville.