Valérie Durand-Roche

Valérie Durand-Roche

Après avoir notamment dirigé les Hospices civils de Lyon, Valérie Durand-Roche, 57 ans, est devenue le 25 septembre dernier la nouvelle directrice générale du CHU de Clermont. Première femme à occuper ce poste très stratégique, elle a sous sa responsabilité directe près de 8 200 personnes. Et une feuille de route chargée.

Comment avez-vous atterri au CHU de Clermont et quel bilan faites-vous de vos premiers mois ?

Valérie Durand-Roche / Mon arrivée correspond à une trajectoire de carrière, et une envie de piloter un établissement hospitalo-universitaire. J'ai toujours travaillé dans un milieu où il y a, à la fois, de la recherche et de la formation. C'est au CHU qu'on construit l'avenir. Je suis à un poste engageant avec de nombreux défis à relever, avec aussi de grosses attentes territoriales. Je dois piloter avec la communauté médicale, avec les soignants, cet établissement, pour qu'il se transforme, soit adapté à la population, à ses besoins, qu’il soit innovant... Mais je suis dans un très beau CHU. Pour résumer, je suis enthousiaste et je le reste après cinq mois de fonction !

Quels sont les grands enjeux du CHU* dans les années à venir ?

On a identifié au moins cinq grands enjeux. On doit poursuivre la transformation de notre offre de soins pour répondre aux besoins de la population. Il faut relever le défi de l'accès aux soins, pour les soins programmés ou non programmés. Nous devons demeurer un CHU à la pointe de l'innovation et de la recherche : on a des équipes médicales remarquables dans des domaines très spécifiques, et il faut garder la capacité à recruter et à former. Il s’agit d'être encore mieux interfacé avec les acteurs de santé de proximité – l’hôpital ne peut pas tout faire – et avec les collectivités locales. Enfin, il faut continuer à fédérer la communauté hospitalière tout en gérant nos difficultés financières.

Voilà. Ça fait pas mal, déjà, comme enjeux... (sourire). Il y a du travail pour 10 ans, que ça soit sur le bâtimentaire, sur les ressources humaines, sur l'organisation… Tous ces éléments-là vont définir la feuille de route du CHU, avec aussi les grands axes définis par le projet d’établissement ou le plan régional de santé.

Quelles sont les relations entre la Ville et l'hôpital ?

On est très interfacés parce que nous sommes interdépendants. Et pas que sur le volet de la santé : il y a les transports, la politique d'urbanisme, la répartition des populations sur le territoire, la création de crèches, etc. Après, dans le domaine de la santé, l'interface doit être encore plus développée, mais on a ce projet avec le Président du conseil de surveillance du CHU qui est aussi le Maire de Clermont-Ferrand. Je vous donne un exemple : la prise en charge des femmes victimes de violences. Il y a le centre Gisèle-Halimi qui est un premier niveau de réponse, et nous sommes en train, nous, de construire un projet de Maison des femmes. La mairie développe aussi des centres de santé, a déjà des maisons médicales de garde, il y a l'Amuac... Il s’agit d'être bien coordonnés et de cibler les mêmes problématiques comme le vieillissement, l'isolement, ou la prise en charge des patients qui ont des difficultés psychiatriques.

Vous connaissiez déjà un peu la ville pour avoir été, par le passé, élève directeur au CHU. Quelle image en avez-vous aujourd’hui ?

J’ai connu le CHU il y a quelques dizaines d'années et la situation n’est pas comparable. Il y a eu d'énormes phases de transformation : à l’époque, par exemple, l'hôpital d'Estaing n'existait pas... Sinon j’habite dans le centre de Clermont, et c’est très bien. On est dans une ville à taille humaine qui permet d'être ouvert tout de suite sur la nature. Mais c’est quand même une ville importante, avec une agglomération, une densité culturelle... Je trouve vraiment la ville et la vie très agréables.

*Le CHU est réparti sur 3 établissements (Gabriel-Monptied, Estaing et Louise-Michel). Il est en direction commune avec cinq hôpitaux (Riom, Issoire, Billom, Mont-Dore, et Enval). Enfin, le CHU est l'établissement pivot du Groupement hospitalier de territoire (14 sites sur deux départements).

Valérie Durand-Roche

 

Bio express

 

1966 : naissance à Bitche (Moselle)

1991 : après une maîtrise de sciences politiques (Lyon) et un DESS en droit public (Paris), entre à l’École nationale de la santé publique (ENSP)

1993 : poste de direction au centre hospitalier Le Vinatier à Bron (69)

2003 : directrice adjointe au groupement hospitalier nord des Hospices civils de Lyon

2013 : directrice des plateaux médico-techniques de tous les Hospices civils de Lyon

2015 : directrice du groupement hospitalier centre des Hospices civils de Lyon

Septembre 2023 : directrice générale du CHU de Clermont-Ferrand