Les spectacles clermontois - Le théâtre s'installe

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L’Eden-théâtre-Concert, une salle de spectacles mythique. (Collection Louis Saugues)
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Victor le violoneux, dessiné par Charles Silvain, devant l’Eden.

Lorsque la salle de la Comédie devint vétuste, la municipalité fit édifier un deuxième théâtre à la place des jardins de l’évêché, place de la Victoire, qui fut inaugurée le 15 août 1807. Malgré quelques bons moments, le nouveau théâtre connut une vie plutôt terne. Années sans éclat et sans confort. Bref, tout le monde tomba d’accord pour dire qu’il fallait un bel équipement digne de notre ville. En attendant, il fut décidé en 1833 de construire un théâtre provisoire sur la petite place Chapelle de Jaude. (1) Hélas ! Les jours de pluie, il fallait traverser "une véritable mer de boue" pour accéder au "Provisoire".

"Le Moniteur du Puy de Dôme" stigmatisa son aménagement déplorable, ses sièges "durs à rendre jaloux les noyaux de pêche" et son manque de chauffage. Malgré tout, le "Provisoire" dura bien longtemps. A cette époque, les Clermontois sortaient beaucoup et la place de Jaude leur proposait toute une gamme de loisirs : la foire de novembre, le Grand Cirque de Paris, la grande ménagerie, la fête foraine, le Théâtre de la passion et le Théâtre du gymnase, sans compter les saltimbanques qui se produisaient dans les rues adjacentes. Et puis, il y eut l’Eden-théâtre-concert.

En 1891, il remplaça le Théâtre des variétés sur la place Chapelle de Jaude. Il était confortable et possédait un certain charme. M.Lamy avait peint son plafond couleur azur, et M.Castelli avait créé ses décors. Son directeur, M.Lafont, lança une programmation "branchée" et sut renouveler ses plaisirs : des équilibristes minuscules, un célèbre "fascinateur oriental ", une chanteuse légère, le théâtre mécanique de sir John Hewelt, une étoile parisienne, une belle brochette de chansonniers et même…le peintre éclair Victor-Jean Hainau, de l’Académie royale de Bruxelles, qui en une demi-heure peignait un tableau avec ses pieds. La plus grande attraction de l’époque !

Toujours à l’avant garde, l’Eden produisit ses propres revues et proposa même des séances de cinéma. Maurice Chevalier et Mayol y chantèrent en 1906. Mais en 1905, on accusa M.Lamy de laisser faire la quête, de tenir des jeux clandestins et de retenir les artistes après les spectacles. Vague morale au conseil municipal, ont dit les uns, défense des artistes ont protesté les autres. L’Eden poursuivit néanmoins une belle carrière jusqu’en 1913. Cette année-là, il changea le cours de son destin en devenant le Familia-Cinéma, qui fut lui-même remplacé par le cinéma Le Paris. Entre-temps, le Théâtre ou Opéra municipal avait enfin ouvert ses portes le 14 avril 1894, sur l’emplacement de l’ancienne Halle aux toiles. Il ne devait plus jamais les refermer.