#MERCI

 
    Pierre-Olivier J.,
    pharmacien à Clermont-Ferrand.

 

 

Comment ont évolué vos missions et celles de votre équipe en cette période d’épidémie de Covid-19 et de confinement ?

“ Notre travail reste pour l’essentiel à l’identique, mais avec quelques évolutions notoires : par exemple nous avons reçu l’autorisation de renouveler les ordonnances pour les pathologies chroniques. Nos horaires d’ouverture ont été réduites et nous avons en revanche intensifié les livraisons de médicaments à domicile.

Depuis le confinement, la pharmacie a dû faire face à différents problèmes liés d’une part au défaut d’approvisionnement de certains produits comme les gels hydro alcooliques et les masques, comme tout le monde le sait, mais également, liés aux difficultés rencontrées par les fournisseurs, je pense essentiellement au paracétamol. Toutefois et pour rassurer nos patients, nous n’avons pas encore été confrontés à une pénurie de médicaments.

Nous avons aussi dû mettre en place des mesures d’hygiène indispensables notamment par l’installation de protections en plexiglas, par la désinfection régulière des banques et des appareils électroniques et bien sûr, par le port de masques et de gants pour l’ensemble du personnel de l’officine.

Nous avons fortement accentué notre rôle de conseil auprès des patients sans pour autant nous substituer aux médecins généralistes que les patients hésitent à consulter depuis le début du confinement du fait de la promiscuité dans les salles d’attente.

Nous écoutons, conseillons et orientons si nous jugeons une prise en charge médicale nécessaire.

De la même façon que l’Auvergne a été la première région à proposer que les pharmaciens puissent vacciner contre la grippe, notre mission aujourd’hui est clairement valorisée et permet de créer une véritable chaîne entre les médecins, les soignants, nous et la patientèle. Je crois que cette solidarité est à souligner et je souhaiterais qu’elle puisse perdurer après le confinement.

Enfin les femmes victimes de violences conjugales ont la possibilité de se confier à nous depuis une quinzaine de jours. C’est aussi notre mission d’aide dans cette période difficile.

 

Quelle est votre journée type ?

« Tous les matins, la pharmacie est soigneusement nettoyée et désinfectée. Cela nécessite du temps et une bonne organisation.

Nous avons limité l’accès de la pharmacie à trois personnes et avons établi un sens de circulation pour éviter tout croisement. Un sas est également prévu pour recevoir les personnes déclarées positives au COVID-19. C’est important de le dire afin que les patients se sentent en sécurité.

Nous encourageons le paiement par carte bleue et sans contact, la monnaie étant un vecteur potentiel du virus. Nous faisons tout pour limiter son utilisation.

Nous sommes ouverts tous les matins, hormis le dimanche et avons simplement avancé l’horaire de la fermeture à 18H30.

Le travail, petit à petit, s’est très bien organisé, un roulement du personnel a été établi et la patientèle a été informée. »

 

Comment trouvez-vous les gens, puisque vous avez un large panel à la pharmacie ?

« Je trouve dans l’ensemble les gens responsables, respectueux des règles.

Ce qui est très positif, c’est que j’ai le sentiment que les gens reviennent à l’essentiel, prennent soin de leur santé, sont attentifs à celle des autres et participent de fait, à l’effort de solidarité.

Dans le quartier où je travaille, il y a une grande mixité sociale et je trouve que globalement les gens ont accepté la situation, ont su rester calmes, sympathiques, ce qui génère une forme de sérénité au sein de l’officine. »

 

Comment vivez-vous cette période totalement inédite ?

« Je dois avouer que je ne m’attendais pas à vivre une telle situation. Cela a été brutal. Une fois encore, j’observe beaucoup de civisme et de respect pour réduire les risques de propagation du virus.

En tant que professionnel de santé, je pense qu’en notre devoir est d’être extrêmement vigilent et réactif ; d’être le plus attentif possible aux personnes seules ; je pense surtout aux personnes âgées qui vivent encore chez elles ; nous devons les soutenir avec nos moyens en effectuant notamment un suivi rigoureux de la bonne observance de leur traitement.

Il faut limiter bien sûr les sorties au strict nécessaire dans le but d’éviter une propagation du virus et notre rôle à nous professionnel de santé, est d’agir afin d’éviter à tout prix que d’autres pathologies viennent encombrer les urgences déjà en surcharge. C’est le moment, plus que jamais, de prendre soin de soi et de prendre soin des autres. C’est le message que je souhaite faire passer. »

 

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