Valeureux torpilleur Sirocco !

Illustration
Photographie Marius Bar - Toulon. A bord du torpilleur. Photographie extraite de la Bataille de Dunkerque.

En mai 1940, le Sirocco a acquis une renommée incontestable. Il a coulé plusieurs sous-marins ennemis, soutenu les troupes françaises dans le nord en opérant dans les eaux hollandaises, participé au sauvetage de l'équipage du Niger, appuyé les défenseurs de Boulogne. Le 28 mai, il participe a l'évacuation des troupes de la poche de Dunkerque. Le 29, il embarque six cents soldats a Dunkerque en direction de Douvres et sept cent cinquante autres le lendemain : des artilleurs du 16e R.A.T (Régiment d'Artillerie divisionnaire) et des fantassins du 92e d'Infanterie, parmi lesquels se trouvent de nombreux auvergnats. C'est son deuxieme transport en vingt-quatre heures. Ce sera son dernier voyage.

Les hommes se serrent dans les cales et les coursives, sur les ponts avant et arriere. Plein a ras bord, le Sirocco suit la route Y et échappe aux bombes jusqu'a la bouée R. Mais une torpille l'atteint et il s'immobilise. Les deux hélices sont arrachés et un panache de fumée fuse, point de repere dangereux. Un avion pique et lâche deux bombes. La seconde explose dans la soute a munitions bourrée d'obus et de torpilles et emporte la moitié arriere du bâtiment avec tout le personnel qui s'y trouve. Le Sirocco est touché a mort. Il s'enfonce et en deux minutes et sombre.

Certains hommes glissent et tombent a la mer, d'autres heurtent les parois d'acier, d'autres encore se noient, alourdis par leurs vetements. Jean Murin a témoigné dans l'ouvrage de Jean Meyer : Enfin, il est hissé a bord :

Le destroyer britannique le Widgeon, le contre-torpilleur polonais Blyskawica et le paquebot Royal Sovereign sauvent deux cent soixante-dix hommes sur un total de pres de neuf cent cinquante. Ils atteignent l'Angleterre, sont réembarqués a Southampton, débarqués a Cherbourg et aussitôt jetés au combat contre les troupes de Rommel.

Le 29 octobre 1940, le premier tribunal maritime de Toulon acquitta a l'unanimité le capitaine de corvette de Toulouse Lautrec et le félicita pour son héroique conduite, ainsi que celle de son valeureux équipage, reconnaissant que tout avait été mis en ouvre pour sauver le navire gravement touché par les bombes ennemies.