Et Michelin créa le pneu

En 1889, les vélocipèdes roulaient sur un boudin en caoutchouc gonflé d'air et fixé à  la jante. Astucieux, mais aléatoire. La légende veut qu'un vélocipédiste anglais, de passage à  Clermont, victime d'une crevaison, se rende chez Michelin dans l'espoir d'une réparation. Pour résoudre ce problème, Édouard eut l'idée d'un pneumatique démontable équipé d'une chambre à  air, puis il peaufina son projet. Quatre ans plus tard, 10 000 bicyclettes roulaient sur des pneus Michelin fabriqués dans l'usine clermontoise. Très tôt, les frères Michelin portèrent leur intérêt sur l'automobile. André proposa de s'attaquer à  ce nouveau challenge : remplacer les bandages par des pneumatiques.

C'était un vrai pari industriel, financier et technique. Personne n'y croyait. Et pourtant ! Bientôt "la maison" équipa non seulement les automobiles et les vélos, mais aussi les voitures d'enfants, celles des malades, ainsi que les fiacres. Progressant par tâtonnements, l'usine perfectionna sans cesse ses produits, liant à  jamais son nom à  l'histoire du pneumatique. Édouard Michelin expliqua un jour qu'il misait sur quatre chevaux pour développer l'entreprise. Il fallait, disait-il, faire de la bonne qualité, faire vite pour garder les meilleurs pneus, gagner des courses pour promouvoir de nouveaux produits et accroître la production. Sa philosophie s'avéra payante.

L'usine Michelin employa cinq cents ouvriers en 1903, plus de trois mille en 1913, 17 522 en 1925. Elle s'installa en Grande-Bretagne en 1905, en Italie en 1906, en Allemagne et aux États-Unis en 1907. A cette époque, Renault "se chaussait " à  90% chez elle, mais, de Clermont-Ferrand, les dirigeants géraient une multinationale étendant largement son activité à  l'étranger. En 1939, Michelin est le plus grand fabricant français, et après la Libération, il sort son fameux pneu X. Il est aujourd'hui numéro un mondial du pneumatique et s'apprête à  célébrer le centenaire de sa naissance. L'histoire de l'entreprise continue de plus belle.